17 Mai 2014
25 Nov. 2014

LA DISPARITION DES LUCIOLES

La Collection Lambert en Avignon

Le projet

Quelques mois avant sa mort, le 1er février 1975, dans le Corriere, Pier Paolo Pasolini publie L’article des Lucioles. Ce texte désormais célèbre est teinté d’une introspection quasi testamentaire qui trouve écho à la lettre à son ami Franco Farolfi du groupe littéraire Eredi, formé quand il vivait à Bologne 25 ans plus tôt : « Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique, et surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau (fleuves d’azur et canaux limpides), les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. (Aujourd’hui, c’est un souvenir quelque peu poignant du passé : un homme de naguère qui a un tel souvenir ne peut se retrouver jeune dans les nouveaux jeunes, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois.) Ce « quelque chose » qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons donc la « disparition des lucioles ».

Ce titre devient le thème d’une exposition pour la prison désaffectée à Avignon, titre qui prend tout son sens quand on relit ce texte fondateur de la culture sociale, esthétique et politique des années 70 en Italie. P.P. Pasolini, en choisissant les lucioles comme métaphore d’une société révolue, éclairait le monde tel un veilleur de nuit avec les derniers scintillements d’une civilisation, celle d’une culture qui, partout en Europe, allait être dévorée par La société du spectacle, pour reprendre le titre du chef d’œuvre de Guy Debord, cet autre veilleur de nuit contemporain de l’auteur de Teorema, Mamma Roma ou de L’Evangile selon saint Mathieu.

L’année 2014 marque un tournant essentiel pour la Collection Lambert en Avignon. En effet, afin d’accueillir dans un écrin d’exception l’importante donation de 556 œuvres d’art contemporain d’Yvon Lambert à l’Etat français, la Collection Lambert doit fermer ses portes au public jusqu’à l’été 2015 pour des travaux d’extension.

L’équipe du musée a décidé de faire de cette période de fermeture imposée un moment crucial dans la vie de la Collection Lambert, un moment conjuguant art contemporain, mise en valeur du patrimoine et travail de mémoire. Ainsi est né La disparition des lucioles, projet ambitieux qui aura lieu à partir de la fin du mois de mai 2014 dans la prison Sainte-Anne. Lieux patrimonial emblématique de la ville, située derrière le Palais des Papes, cette prison maintenant désaffectée depuis 10 ans fut une des rares construites à la fin du XVIIIe siècle à des fins uniquement carcérales (et non pas un ancien couvent, un hôpital ou une caserne militaire).

La Collection Lambert en investira les cellules, les couloirs et certaines cours avec des oeuvres de la prestigieuse collection privée d’Enea Righi dont les ensembles de certains artistes seront complétés par les oeuvres d’autres grandes collections publiques ou privées.
Le titre qui emprunte à ce célèbre texte que Pasolini publia en 1975 dans le Corriere imprégnera le cheminement du visiteur de part en part, si bien que l’exposition se vivra comme une expérience sensible dans laquelle les lieux si chargés de mémoire et les oeuvres se combineront de manière que survivent ces lucioles chères au cinéaste Italien. Il y sera question d’enfermement bien sûr, mais aussi du temps qui passe, de la solitude et de l’amour.

Pour que le dialogue attendu entre les œuvres et le bâtiment soit fort, producteur de sens, le parti pris a été de laisser en l’état la Prison Sainte-Anne. Exposée dans sa cellule, chaque oeuvre deviendra ainsi luciole, élément poétique à la douce lumière résistante, offrant au spectateur la possibilité d’un nouveau champ d’expérimentation.

Les artistes :

Adel Abdessemed, Francis Alÿs, William Anastasi, Kader Attia, Mirosław Bałka, Roger Ballen, Robert Barry, Yael Bartana, Massimo Bartolini, Jean-Michel Basquiat, Niel Beloufa, Joseph Beuys, Barbara Bloom, Alighiero Boetti, Christian Boltanski, Pierre Bonnard, Louise Bourgeois, Brassaï, Marcel Broodthaers, Tom Burr, Mircea Cantor, Frédéric-Auguste Cazals, Claire Fontaine, Guy de Cointet, François-Xavier Courrèges, Berlinde De Bruyckere, Jason Dodge, Trisha Donnelly, Gardar Eide Einarsson, Mounir Fatmi, Hans- Peter Feldmann, Spencer Finch, Mario Garcia Torres, Anna Gaskell, Kendell Geers, Jean Genet, Nan Goldin, Dominique Gonzalez Foerster, Douglas Gordon, Loris Gréaud, João Maria Gusmao et Pedro Paiva, Henrik Håkansson, Keith Haring, Mona Hatoum, Candida Höfer, Jenny Holzer, Roni Horn, Jonathan Horowitz, Joris Ivens, Joan Jonas, William E. Jones, Ilia Kabakov, On Kawara, Žilvinas Kempinas, Anselm Kiefer, Kimsooja, Július Koller, Jiri Kovanda, Barbara Kruger, David Lamelas, Bertrand Lavier, Zoe Leonard, Claude Lévêque, Glenn Ligon, Richard Long, Jill Magid, Anna Maria Maiolino, Christian Marclay, Gordon Matta-Clark, Allan McCollum, Adam McEwen, Ana Mendieta, Melvin Moti, Vik Muniz, Deimantas Narkevicius, Cady Noland, Roman Ondák, Roman Opalka, Jean-Michel Pancin, Philippe Parreno, Pier Paolo Pasolini, Yan Pei-Ming, Adam Pendleton, Mathieu Pernot, Walid Raad, Ugo Rondinone, Martha Rosler, Anri Sala, Markus Schinwald, Yann Sérandour, Richard Serra, Andres Serrano, Ross Sinclair, Kiki Smith, Nedko Solakov, Haim Steinbach, Jana Sterbak, Pascale Marthine Tayou, Alessandra Tesi, Miroslav Tichý, Wolfgang Tillmans, Niele Toroni, Cy Twombly, Xavier Veilhan, Paul Verlaine, Francesco Vezzoli, Franz Erhard Walther, Andy Warhol, Lawrence Weiner, Ai Weiwei, Rémy Zaugg, Chen Zhen. 

Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Vue de l'exposition, © François Halard
Mathieu Pernot, «Les hurleurs»
DOCUMENTATIONS
Informations pratiques

Prison Sainte Anne
rue Bannasterie, Avignon

Horaires d’ouverture

de septembre à juin du mardi au dimanche de 11h00 à 18h00
en juillet et en aout tous les jours
de 11h00 à 19h00

Librairie et restaurant Le Metropolitan ouverts aux horaires du musée

Tarifs

tarif plein: 10 euros tarif réduit : 8 euros

Contacts

+33 (0)4 90 16 56 20 information@collectionlambert.com www.collectionlambert.fr 

CONTACT

Laure Jardry / laure@claudinecolin.com