Tracey Emin a personnellement choisi douze toiles parmi les dix dernières années de sa production afin de présenter un reflet précis de son œuvre. Accrochées sur les murs de la galerie Jean-Michel Wilmotte à La Coste, elles « entourent » (en anglais « surrounded ») littéralement le visiteur. Ce titre poétique suggére également la relation personnelle et intense qu’entretient Tracey Emin avec son travail où la peinture en particulier est devenue un mode d’expression central. Elle revisite souvent ses toiles au fil des mois ou des années, par des ajouts successifs comme autant de marques du temps et de la mémoire.

Dans le passé, Tracey Emin a évoqué que l’acte de peindre lui faisait ressentir des émotions différentes des autres disciplines comme le dessin : « Quand je dessine, je peux jouer. Je peux faire confiance aux choses… c’est un sentiment de liberté totale. Alors que quand je peins, c’est comme si j’avais peur et que je ne savais pas ce qui va se passer. Et plus la peinture va vers son aboutissement, plus cette sensation devient excitante. »

Deux nouvelle sculptures monumentales en bronze, les plus grandes jamais réalisées par l’artiste, ont également été produites pour cette exposition. Comme pour beaucoup de ses toiles, elles évoquent le nu féminin. Tracey Emin a également été inspirée par l’horizon des montagnes qui entourent le domaine de Château La Coste, notamment la Sainte Victoire. Par leur présence physique qui évoquent la pesanteur d’une montagne, les sculptures viennent équilibrer l’expressivité du geste et l’énergie qui se dégagent des peintures de Tracey Emin. La nature amorphe de ces formes massives conserve les traces de l’artiste et du processus de moulage, atteignant un point de tension délicat, tendre mais robuste.