30 Mars 2011
30 Mai 2011

¡ ESPAÑA !

MUSEE DES BEAUX-ARTS DE BORDEAUX

Près de 80 œuvres, de Goya à Matisse, Brayer ou Picasso, issues de nos collections, évoquent l’art des XIXe et XXe siècles et ce pays si proche et si riche aux multiples attaches avec Bordeaux. L’Espagne des XIX et XXe siècles est présente au musée des Beaux-Arts de Bordeaux à travers les œuvres d’artistes espagnols qui pour nombre d’entre eux sont venus en France, temporairement ou s’y établissant, mais aussi d’artistes français attirés par la péninsule. 

Bordeaux fut de tout temps une terre d’accueil pour les Espagnols, particulièrement au XIXe siècle pour ceux qui, comme Goya, fuirent la terreur instaurée par Ferdinand VII et le Tribunal de la Sainte Inquisition, et tous ceux chassés par la pauvreté, en quête de travail.

L’attention de Bordeaux pour Goya (1746-1828) est marquée dans les collections du musée par quatre planches lithographiques des Taureaux de Bordeaux dont la spectaculaire épreuve unique. Moins connue, la série de dix eaux-fortes, acquise en 1978, témoigne de son étude de l’œuvre de Vélasquez, accompagnée de la célèbre planche Le Garrotté, prémonitoire des planches des Désastres de la guerre

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, les artistes espagnols sont de plus en plus nombreux à séjourner à Paris. Ainsi le jeune Valencien Bernardo Ferrandiz (1835-1890), après des études à l’Académie San Carlos de Valence puis à celle de San Fernando de Madrid, vient-il suivre les cours de celle de Paris. Le Tribunal des eaux de Valence en 1800 acheté par l’Etat français en 1864, l’année de sa création, est le type même du témoignage de coutumes contribuant à définir une entité régionale, sur un mode réaliste mâtiné des accents d’une peinture claire.

A la foire, du Galicien Sotomayor (1875-1960) reprend cette verve populaire, l’enrichissant des accents colorés au fauvisme. Au début du XXe siècle, ces jeunes artistes vont intégrer ce qui va devenir l’Ecole de Paris qui, de Montmartre à Montparnasse, attirait à elle les esprits les plus ouverts aux avant-gardes. Joaquin Sorolla (1863-1923), en 1885, y découvre l’impressionnisme dont quelques-uns de ses beaux portraits gardent la touche légère (Portrait de Mme Dequis).

A la fin de 1889, le grand Ignacio Zuloaga (1870-1945) s’y installe, s’essaie à tous les « ismes », avant de revenir à une vision noire de l’Espagne puis de céder aux commandes du portrait d’apparat (Portrait de Melle Picard). Quant au jeune Picasso, c’est en 1904 qu’il s’établit définitivement à Paris. Créateur du cubisme en 1907, il revient au dessin d’Ingres dans la période de l’après Première Guerre mondiale dont le Portrait d’Olga de 1920 est un témoignage d’une grande sensibilité.

De la même génération que Picasso, le sculpteur Pablo Gargallo (1881-1934) découpe des plaques de cuivre et le fer pour une sculpture aux formes évidées et expressives. Sa Danseuse de 1925, dans la tension et la souplesse, est l’expression même de la virevolte de sa figure. 

Les artistes français sont nombreux à s’être inspirés de l’Espagne, plus même qu’inspirés, s’être pétris de cette terre qui exaltait leur propre condition d’artiste. 

Le XIXe siècle, de Delacroix, Victor Hugo, Alfred de Musset ou Théophile Gautier, s’en éprend, dans une vision romantique alliant le goût du fantastique à celui du pittoresque. A cette attirance pour une Espagne noire, le voyage dans la péninsule du baron Taylor en 1835 ajoute tout l’intérêt patrimonial du pays.

En témoignent la belle aquarelle d’Adrien Dauzats (1804-1868) Vue générale de Cadix, ainsi que ses vues de Séville ou Saragosse. L’intérieur architectural déployé dans son Sinbad le marin est à l’évidence un souvenir des palais hispano-mauresques de l’Alhambra de Grenade.

Le Portrait du Prince Piscicelli, sombre et ténébreux, le type même de l’hidalgo, peint vers 1850 par Alfred Dehodencq (1822-1882), montre sa connaissance des portraits de Vélasquez. Un autre portrait touche à l’Espagne, celui que Giovani Boldini (1845-1931) fait en 1882 de Cecilia de Madrazo Fortuny, veuve de l’artiste catalan Mariano Fortuny, à la fougue enlevée et brillante qui le caractérise, dans ses noirs, surtout, qui doivent autant à Goya qu’à Manet.

La veine néoclassique n’a pas épargné les artistes disciples d’Ingres dans une évocation de l’Espagne à la fois pittoresque et idyllique. C’est le cas de Charles Porion (1814- après 1868), adepte de la scène de genre « à l’antique », qui dans El descanso : mœurs de Valence, nous laisse entrevoir le repos au son d’une guitare, après le travail aux champs.

L’artiste bayonnais Achille Zo (1826-1901), directeur de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux en 1889, est lui aussi épris d’Espagne où il voyage sa vie durant. Il en retient des vues pittoresques mais aussi de belles évocations de ses monuments comme cette Cour des Lions à l’Alhambra de Grenade, peinte en un doux dégradé de gris et de roses.

En 1921, Matisse (1869-1954) donne une fine évocation de l’Espagne mauresque à travers le portrait et le décor entourant sa Jeune Espagnole qu’il présente comme une petite infante costumée dans les blancs légers de Goya.

Pour des artistes plus proches, comme Yves Brayer (1907-1990), l’Espagne offre une source inépuisable de motifs. Il les aborde sur un mode coloré, festif, parvenant à renouveler, dans la légèreté, les thèmes typiques de la corrida, des rues blanches de villages andalous, des patios ou des champs d’orangers, des danseuses de flamenco, mais aussi des processions de la Semaine Sainte. Calèche à Séville de 1955 résume à lui seul sa vision d’une Espagne non pas confite en ses dévotions mais conservant ses coutumes comme un défi a la mala suerte, au mauvais sort.

Françoise Garcia

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