17 Oct. 2012
11 Févr. 2013

DAMIR OCKO

PALAIS DE TOKYO

A travers les méandres du langage et de l’histoire

« Imaginer le temps comme un matériau a beaucoup compté dans mon travail. Pour les arts qui intègrent la dimension temporelle, le mot « temps » ne renvoie pas seulement au temps de l’œuvre mais aussi au temps du spectateur. » D.Očko

Pour sa première exposition d’envergure, Damir Očko, invite le visiteur à découvrir, dans les espaces du Palais de Tokyo, un univers à la fois mélancolique et poétique. Il fraye, en effet, à travers une constellation d’œuvres, un chemin dans les méandres du langage, ouvrant sur les sentiers du texte et de l’image, de la poésie et de la vidéo, du dessin et de la partition.

Damir Očko est un artiste croate né en 1977, dans une période de transition politique majeure. La chute du Mur et les guerres en ex-Yougoslavie ont bouleversé la politique internationale, l’Histoire de l’Europe, sans parler de la vie de millions de personnes. Ces événements et ces drames à l’échelle individuelle, relatifs au passé, ont eu de profondes répercussions sur sa vision du monde. À sa manière, l’art de Damir Očko relève de cette Histoire.

Le jeune artiste investit une partie de l’espace de la Galerie basse en présentant un ensemble de dessins, poèmes, dessins, partitions et collages qui sont les pendants graphiques de trois vidéos formant une trilogie. 

Faire silence

« Pour moi, le fait de déplacer la voix dans une autre réalité, d’exprimer le vocabulaire gestuel de cette autre réalité, et d’explorer l’idée que des histoires secrètes et indescriptibles habitent chaque œuvre musicale, peut être mis en évidence. » Damir Očko

Composée de trois actes, la vidéo The Moon shall never take my Voice (2010) est une interprétation en langue des signes d’un texte écrit par Damir Očko sur trois compositions musicales dans lesquelles le silence occupe une place prépondérante. Le premier acte évoque la prise de conscience du compositeur Gustav Mahler, lors de la composition de sa Symphonie n°10, du pouvoir de l’absence comme mécanisme musical. Le deuxième acte s’articule autour de la journée pendant laquelle John Cage, après avoir visité la chambre d’écho de l’université d’Harvard, réalise la difficulté à saisir le silence – ce qui l’amène à composer ses célèbres 4’33 de silence. Le troisième et dernier acte revient sur l’expérience de l’astronaute Neil Armstrong, premier homme à marcher sur la Lune – satellite dont l’absence d’air en fait le seul et unique endroit totalement silencieux jamais visité par l’Homme. 

Faire dire

« Je pense habituellement en termes de transposition, mais le mot « dislocation » semble plus approprié. » D. Očko

Dans We saw nothing but the uniform blue of the Sky (2012), la bande son est constituée d’un poème récité par un homme ayant des problèmes d’élocution. Ses efforts de prononciation fournissent le cadre conceptuel et esthétique de l’ensemble de l’œuvre qui, en insistant sur l’articulation des mots et leur signification, évoque la charge à la fois poétique et politique du mot vocalisé.

Faire éruption

« Je pense que l’intensité de mon travail vient du fait que j’amène au premier plan des éléments habituellement secondaires, comme les sons, que je traite de manière égale à tout ce qui relève du passage du temps. » D. Očko

Produite à l’occasion de cette exposition, la vidéo Spring (2012) alterne des scènes tournées sur un volcan et des saynètes où se succèdent des contorsionnistes, un
« avaleur de néon » et autres équilibristes. Il explore dans ces vidéos différents environnements sonores générés par l’organisme humain. Cette composition faite de sons « éruptifs » renvoie à un poème écrit par Damir Očko qui évoque les beautés vocales émanant du corps. 

Quelque-part entre l'espoir et l'oubli

« En travaillant à la frontière entre la réalité et la fiction, j’apporte des éléments tangibles, tout en conservant une distance critique avec eux. Plutôt que de me focaliser sur cette question, je préfère en explorer les potentialités. » Damir Očko

Ainsi, à travers cette trilogie, le visiteur est invité à traverser différents paysages sonores, qui décrivent par un jeu de déplacement visuel et émotionnel, des lieux imaginaires qui existent quelque part entre l’espoir et l’oubli, entre le réel et la fiction.

Commissaire : Marc Bembekoff 

 


 

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