L’EXPOSITION
Conçue comme un des temps forts de Marseille-Provence 2013, Dufy, de Martigues à l’Estaque est associée au Grand Atelier du Midi. Cette grande exposition qui rassemble deux cents chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art faisant la part belle au Midi de la France, grand atelier à ciel ouvert, source intarissable d’inspiration. Constitué de deux volets, l’un au musée Granet à Aix-en-Provence (De Cézanne à Matisse), l’autre au musée des Beaux-Arts, Palais Longchamp à Marseille (De Van Gogh à Bonnard), ces expositions exceptionnelles seront présentées du 13 juin au 13 octobre 2013.
Pourquoi Dufy à Martigues ? Car, c’est là que l’artiste d’origine normande découvre le Midi en 1903. Limitée à la période 1903-1925, moment clé dans la carrière du peintre, cette manifestation constitue un véritable événement permettant de découvrir des œuvres datant de son premier séjour dans le Midi, et le début des années 1920, quand son style s’affirme pleinement. Pour la plupart inédites, elles évoqueront les différents courants que le peintre a explorés brillamment en compagnie d’autres artistes tels que Derain, Vlaminck ou Braque.
En provenance de grandes collections d’art moderne publiques françaises (Centre Pompidou, musée d’art mo- derne de la Ville de Paris, musée Cantini, musée de Gre- noble, musée d’art moderne de la ville du Havre...) et de collections étrangères, prêtées exceptionnellement pour l’occasion, cette exposition permettra de mieux comprendre la démarche artistique de l’un des grands peintres du 20ème siècle.
SYNOPSIS
Souvent considéré comme un « suiveur », Dufy a longtemps été déprécié. A travers cette exposition, le musée Ziem propose de « réhabiliter » les œuvres de jeunesse de cette personnalité atypique du 20ème siècle. Postimpressionniste, fauve, cubiste et artiste décorateur, Dufy est tout cela à la fois. Pouvant aussi bien peindre, quasi simultanément, des œuvres proches de Monet, de Matisse ou de Cézanne, il puisera dans divers courants avant de trouver un style qui lui est propre et qui sera reconnaissable entre tous. L’exposition se propose de démontrer que, pour parvenir à cette peinture ori- ginale, Dufy a su remettre en question, et ce de façon radicale, sa manière de peindre. Après plusieurs années de recherches parmi les mouvements les plus novateurs de son temps, et malgré les recommandations des marchands d’art qui lui conseillent de continuer à réaliser des toiles plaisantes, Dufy persiste dans son désir de trouver un vocabulaire plastique qui exprime le mieux sa personnalité et son amour de la vie. Ainsi, de sa première visite dans le Midi, à Martigues en 1903, au sortir de la guerre en 1919, va-t-il poursuivre patiemment et avec ténacité son objectif.
Né au Havre, dans une famille modeste, le 3 juin 1877, Dufy doit gagner sa vie dès l’âge de 14 ans. Alors qu’il travaille pour une maison d’importation de café, il intègre l’école des Beaux-Arts du Havre en 1883. Il y rencontre Othon Friesz et Georges Braque, avec qui il se lie d’amitié. En 1900, il obtient une bourse de la ville du Havre et se rend à Paris, où il intègre l’école nationale des Beaux-Arts. C’est alors que sa carrière débute réellement. Ses premières œuvres se caractérisent par un style plutôt académique. En 1901, il commence à exposer des paysages de Normandie, ainsi que des vues de Paris, qui se réclament de la « peinture de plein air » sous l’influence de Boudin.
Dès 1903, sa carrière prend un tournant décisif. Il participe pour la première fois au Salon des Indé- pendants où il expose des œuvres dans la veine impressionniste. La même année, il séjourne pour la pre- mière fois dans le Midi. Probablement incité par Picabia, grand admirateur de Félix Ziem (1821-1911), il se rend d’abord à Martigues. Le théâtre, le port et l’animation des rues retiennent toute son attention. De ce premier voyage dans le Sud, Dufy rapporte une palette éclaircie et des toiles lumineuses.
En 1905, il expose au Salon des Indépendants, où il dé- couvre le tableau d’Henri Matisse (1869-1954) Luxe, Calme et Volupté. Cette œuvre, qui est pour lui une véri- table révélation, aura une influence considérable sur son travail. Les peintures réalisées à cette période laissent d’ailleurs clairement apparaître une libération des couleurs. Dufy ose les contrastes les plus violents, tout en restant figuratif.
1906 est marquée par sa découverte des dernières toiles de Gauguin. Ses motifs se schématisent et la perspective tend à disparaître au profit d’aplats colorés organisés en surfaces frontales juxtaposées les unes aux autres. Le graphisme devient prépondérant.
1907 est l’année de la grande rétrospective consacrée par le Salon d’automne à Cézanne. Comme tous les jeunes peintres, Dufy subit l’influence de cette nouvelle concep- tion de l’espace figuré élaborée par le Maître d’Aix. L’été 1908, passé avec Braque à l’Estaque, marque l’apogée des réflexions plastiques autour du cubisme cézannien. Longtemps déconsidéré, l’apport réalisé par Dufy lors de ce séjour ne fait aujourd’hui plus aucun doute.
En 1909, Dufy rencontre un personnage essentiel pour son avenir : le couturier Paul Poiret. Dès lors, son penchant pour les arts décoratifs ne va cesser de s’affirmer. Sa pein- ture en bénéficie directement : son trait s’assouplit, son expressivité devient de plus en plus grande, sa capacité à saisir l’essentiel en quelques courbes et contre-courbes s’aiguise.
A son retour à Marseille, en 1919, l’ensemble des éléments sont réunis pour donner naissance au « style Dufy ».
Lucienne Del’ Furia ; conservateur en chef du musée Ziem et commissaire de l’exposition Dufy, de Martigues à l’Estaque.
