28 Mai 2013
06 Oct. 2014

LES DÉSASTRES DE LA GUERRE 1800-2014

Dans le cadre du Centenaire de la Première Guerre mondiale, le Louvre-Lens réunit plus de 400 oeuvres témoignant du mouvement de désenchantement face aux guerres qui s’amorcent au tournant du XIXe siècle, lors des campagnes napoléoniennes. Longtemps placée au centre des valeurs de
la société, la guerre fut de plus en plus considérée, à partir des années 1800, comme avant tout pourvoyeuse de malheurs. Les artistes la représentent dès lors sous toutes ses faces, y compris les plus atroces dans ses effets sur les humains, les animaux, le paysage, les villes, les choses.
L'exposition s'intéresse à une vingtaine de conflits comme à autant de tournants, qui suscitent des problèmes nouveaux en matière de techniques et de politiques de représentation. Près de 170 artistes, sont ainsi exposés, sur tous les supports (peinture, sculpture, arts graphiques, photographie, cinéma,
vidéo, installations, bande dessinée, image d'Epinal, dessin de presse, etc.), dont Beckmann, Capa, Daumier, David, Delacroix, Dix, Doré, Fautrier, Gance, Géricault, Goya, Grosz, Hartung, Léger, Masson, Meissonier, Méliès, Miller, Ming, Moore, Picasso, Van Dongen, Villéglé…

« Pourquoi nous n’aimons plus la guerre et comment l’art a-t-il largement contribué à son désenchantement ?

 

L’exposition répond par 450 oeuvres sur ses désastres, depuis les campagnes napoléoniennes des années 1800 en Europe jusqu'à nos jours.
À partir du moment révolutionnaire, la naissance de l’individu libre et indépendant s’opposait forcément aux dégâts de la violence extrême, et dès 1819, Benjamin Constant pouvait annoncer que : « chez les modernes, une guerre heureuse coûte infailliblement plus qu’elle ne rapporte ».
Alors que l’univers des formes était depuis longtemps dominé par la bataille héroïque, la guerre, placée au centre des valeurs de la société, fut de plus en plus représentée sous toutes ses faces dans ses conséquences fatales sur les humains, les animaux, les choses. Sa nécessité comme épisode fondamental (et inévitable) de l’histoire humaine n’allait jamais plus faire consensus.
Toujours avec difficultés tant le sujet est exigeant, de nombreux artistes (témoins ou non) essaient (en temps réel ou à posteriori) de rendre visibles ses ravages et jusqu’aux plus insoutenables.
À chaque guerre, singulière en son action et ses effets, ces artistes s’appuient sur la tradition mais doivent reconsidérer leurs outils et leur politique de représentation.
Chaque conflit génère ainsi un monde d’images inédites, liées à des conceptions et à des techniques nouvelles, au fur et à mesure que s’intensifient la massification et le rôle de la machine, dans un mouvement de tension extrême entre la survivance de l’individu et son abolition dans l’anonymat —
au fur et à mesure que les populations civiles sont toujours plus visées.
L’exposition pose les jalons de cette histoire méconnue en 12 séquences chronologiques. Elle établit ainsi des tournants visuels tout en ménageant des correspondances entre les oeuvres, au-delà des événements. Une vingtaine de conflits structurent le parcours, avec ces guerres particulièrement marquantes par leur ampleur meurtrière et traumatique : guerres napoléoniennes (1803-1815), Grande Guerre (1914-1918), Seconde Guerre mondiale (1939-1945), Guerre du Vietnam (1954-1975).
150 artistes sont représentés sur tous les supports : peinture, sculpture, dessin, gravure, photographie, panorama, cinéma, vidéo, image d’Epinal, dessin de presse, affiche, objet, jeu, texte, presse, document ou archive. Toutes les pièces choisies dans une centaine de collections participent du mouvement des esprits et des sensibilités, souvent en les précédant. Au-delà des consignes de la propagande, l’art en laboratoire explore le pire et révèle des effrois qui ne se retrouvent nulle part ailleurs avec une telle puissance. »


Laurence Bertrand DORLÉAC

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Diane Junqua / diane@claudinecolin.com