24 Févr. 2017
04 Juin 2016

MICHEL NEDJAR, INTROSPECTIVE

LaM

Michel Nedjar (1947), artiste à la croisée de l’art brut et de l’art contemporain, est l’un des membres fondateurs de l’association L’Aracine qui donna son exceptionnelle collection d’art brut au LaM en 1999. Ses poupées de chiffon et de boue sont à ce jour ses oeuvres les plus identifiées du public, alors même que son importante production artistique est loin de s’y limiter. L’exposition Michel Nedjar, introspective propose donc d’explorer toutes les facettes de l’oeuvre foisonnant de l’artiste : poupées bien sûr, mais aussi sculptures, dessins, peintures et films expérimentaux, de 1960 à 2016, ainsi que les thèmes qui sous-tendent l’ensemble de son travail : l’enfance et le primitivisme, la vie et lamort, lamagie et le voyage.

Michel Nedjar occupe une place particulière au LaM en tant que membre fondateur de L’Aracine, donateur, mais aussi en tant qu’artiste, dont le musée possède plus de 300 oeuvres, ainsi qu’une grande partie de sa bibliothèque et ses archives.

L’exposition que le LaM lui consacre au printemps 2017 propose de découvrir tous les aspects de son travail en suivant un parcours chrono-thématique réunissant plus de 350 oeuvres.

La prise de conscience de la Shoah à travers Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, la découverte de l’oeuvre d’Aloïse Corbaz dans un livre d’art offert par l’une de ses soeurs, les vieux tissus (shmattès), vendus par sa grand-mère aux Puces, sont quelques-uns des premiers marqueurs de son oeuvre.

En 1969, il rencontre le cinéaste mexicain Teo Hernandez avec lequel il effectue plusieurs voyages entre 1970 et 1976, notamment en Inde et au Mexique. À son retour à Paris, il réalise des poupées et bas-reliefs colorés tout en dessinant et en tournant ses premiers films de cinéma expérimental.

En 1978, il plonge dans une profonde dépression, s’installe dans un appartement à Belleville et commence la création de poupées très sombres, façonnées à partir de tissus ramassés ici ou là, et plongées dans un bain de boue et de teintures, à propos desquelles Jean Dubuffet parle d’un « art très effrayant, affreusement tragique ». Durant cette période très prolifique, Michel Nedjar réalise également de nombreux films expérimentaux comme Gestuel en 1978 ou À quoi rêve l’araignée en 1981-1982.

La lecture d’un texte de Roger Cardinal consacré à son travail - écrit en 1986 pour Les Cahiers de l’Art Brut et publié en 1990 - provoque une rupture dans son oeuvre. Il se consacre alors au dessin jusqu’à la mort de Teo Hernandez en 1992. Dans les nombreuses séries qui marquent cette période, comme les « Icônes », les « Présences » ou les « Animo », Michel Nedjar explore la matière tant du point de vue du support, avec des papiers journaux, des papiers de récupération mais aussi des papiers plus usuels, que du point de vue de la technique, laissant une grande place au hasard avec l’usage de la cire et du fer à repasser qu’il applique sur ses dessins réalisés au doigt.

En 1992, il s’installe dans un nouvel atelier, rue Darius Milhaud, qu’il occupe jusqu’en 1998. Durant cette période très sombre, il réalise à la fois des poupées, notamment celles de la performance de la Danse macabre et des dessins où le masque occupe une place importante.

Fin 1998, Michel Nedjar emménage rue du Faubourg Saint-Martin où il réside toujours. Les « Poupées de voyage » (1996-2013), conservées au LaM, constituent l’un des principaux ensembles de cette dernière période avec les « Poupées Pourim », commandées par le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, et marquent son retour à la lumière. Ses dessins sont désormais presque toujours réalisés au crayon, notamment dans la série des « Kalata ». Il renoue également avec le métier de tailleur dans l’usage de l’aiguille qu’il utilise pour ses « Poupées coudrées » et ses « Coudrages », qui enserrent des objets « arrêtés » et tendent peu à peu à contenir tout son atelier.

DOCUMENTATIONS
Informations pratiques
Le LaM est ouvert de 10 h à 18 h du mardi au dimanche
Tarifs : TP 10 € / TR 7 € / Gratuit le 1er dimanche du mois et sur présentation de « La C’Art »
Rens. : +33 (0)3 20 19 68 68 / 51 – www.musee-lam.fr
DIRECTION
COMMISSARIAT
Jean-Michel Bouhours, conservateur au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris
Corinne Barbant, attachée de conservation, responsable de la Bibliothèque Dominique Bozo du LaM
CONTACT
Marine Le Bris
marine@claudinecolin.com