16 Juin 2023
07 Jan. 2024

LA MORSURE DES TERMITES

PALAIS DE TOKYO

 

Agissant par parasitage, par télescopage, par fantasme, par friction, par contre-sens ou par amitié, La morsure des termites tente une relecture spéculative de l’histoire de l’art envisagée sous le prisme du graffiti. Le graffiti non pas comme sujet ou esthétique, mais comme expérience, comme attitude, comme imaginaire, comme pensée souterraine. Une expérience de l’illégalité et des vitres brisées, de l’errance des corps en mouvement, une attirance pour les perspectives sans lumière, un romantisme du vandalisme qui prend autant soin des choses qu’il ne les abîme, une fascination pour les langages visibles ou invisibles qui se confrontent avec la matière précaire du réel, et qui se façonnent avec elle tout en la transformant.


Artistes visibles, invisibles ou invisibilisé·es, artistes oublié·es, artistes sans œuvre... l’exposition provoque un dialogue fragmenté, parfois cryptique, entre une cinquantaine d’artistes reconnus, ou non. Dans un essai publié en 1962, Manny Farber oppose les artistes termites aux artistes éléphants blancs. Les artistes termites se métamorphosent dans des langages et des pratiques plus difficiles à saisir et à manipuler.


À l’inverse des méthodes et des imaginaires autoritaires et séducteurs, «l’art style termite, ver solitaire, mousse ou champignon, a la particularité de progresser en s’attaquant à ses propres contraintes, pour ne laisser d’ordinaire sur son passage que des signes d’activité dévorante, industrieuse et désordonnée».


Pensée structurellement comme une ville invisible, en référence à l’ouvrage d’Italo Calvino dont l’exposition emprunte le titre, on pénètre dans La morsure des termites comme dans la ville de Tamara : par « des rues hérissées d’enseignes qui sortent des murs », où « l’œil ne voit pas des choses mais des figures de choses qui signifient d’autres choses ».

 

DIRECTION
Commissaire : Hugo Vitrani
CONTACT
Pénélope Ponchelet
penelope@claudinecolin.com