14 Juin 2012
03 Sept. 2012

SAM ART PROJECTS - RÉSIDENCE DE FERNANDO ORTEGA

Considéré comme une des figures montante de l’art international il développe un travail polymorphe (interventions in-situ, ready-mades, photographies, vidéos…) dont la mise en scène s’élabore souvent en résonnance avec l’espace d’exposition. L’ensemble de son œuvre se construit sur des circonstances fortuites et apparemment sans importance, des situations éphémères capables de rapprocher et d’établir des liens entre la recherche intellectuelle qu’il mène et des expériences sensibles.

Sa démarche a été unanimement célébrée lors de la Biennale de Venise 2003 lorsqu’il présenta Untitled (Fly Electrocutor Device) qui fut montré à nouveau en 2006 au Palais de Tokyo. Chaque insecte électrocuté par l’appareil installé dans l’espace d’exposition provoquait un court-circuit général qui plongeait les lieux dans l’obscurité. Une situation apparemment banale qui perturbait l’atmosphère et modifiait la perception des autres œuvres.

L’installation réalisée en 2008 au Musée Carillo Gill qui stupéfia ceux qui en furent témoin indique également clairement sa méthode : pour que l’on puisse voir depuis une des fenêtres du plus haut niveau du musée des colibris venir se nourrir à l’extérieur, il fit déplacer une énorme grue à l’extrémité de laquelle était suspendue une nourrissoire de quelques grammes. Un immense effort, pour apercevoir la poésie normalement imperceptible d’une situation, au fond révéler le charme du mineur à l’aide d’un contraste majeur. 

A l’occasion de son exposition au Palais de Tokyo, Fernando Ortega offre une nouvelle lecture du bâtiment inspiré des incidents ordinaires, de légères fuites d’eau qui s’écoulaient des plafonds, survenus pendant sa rénovation.

Cette chute accidentelle devient le langage qui lui permet de perturber l’espace et de faire le lien entre des éléments tous réunis par l’eau. Ainsi trois fuites sont organisées dans l’espace, l’une qui, du plafond, choit par son toit ouvrant à l’intérieur d’une Audi dans laquelle est soigneusement placée une bouteille qui la recueille parfaitement. Effort absurde d’immobiliser une voiture pour recueillir quelques gouttes. Plus loin une autre fuite organisée depuis le plafond tombe à côté des instruments d’une batterie laissant virtuelle l’idée que l’eau aurait pu animer le son potentiel qui demeure absent. La troisième tombe sur la maquette du Palais de Tokyo insistant sur l’association contre nature de fuites dans un lieu d’exposition.

Mais cette présence de l’eau a aussi comme fonction d’associer toutes les œuvres de l’exposition, d’insister sur la Seine qui coule le long du Palais et d’introduire une autre rivière qui est le sujet d’une des œuvres majeur de cette exposition : une série de photographies montrent , dans un paysage préservé,  la barque d’un passeur sur une rivière au Mexique. L’artiste raconte que lors de leur passage, le passeur leur a fait écouter de la musique mais que celle-ci est interrompue à chaque fois par la brièveté de la traversée. Pour y remédier l’artiste demanda à Brian Eno de composer une musique à cet effet. C’est celle-ci dont le CD est présenté au bout de cet ensemble et qui au moment où vous le regarderez est peut être entendu par des villageois en barque sur un autre continent.

Humour, distance, poésie, attention portée aux évènements discrets qui surgissent dans le réel, L’artiste transforme la contingence en nécessité, fait de l’aléatoire la matière de nouvelles productions et exploite les situations fortuites du quotidien. Il capte des événements échappant à toute règle. Ce goût pour l’accident l’amène parfois à délaisser une part de son autorité pour faire de l’aléatoire une propriété de l’œuvre ou de sa réception. Le travail de Fernando Ortega que le Palais de Tokyo, grâce à Sam Art Project est heureux de présenter ici sera ensuite un des invités majeurs de la prochaine  Bienne de São Paulo.

Informations pratiques

Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
75116 Paris
+33 (0)1 47 23 54 01
www.palaisdetokyo.com

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