21 Mars 2013
25 Mai 2013

STEVEN PARRINO

GAGOSIAN GALLERY, PARIS

Quand j’ai commencé à peindre, le mot d’ordre était « la peinture est morte ». J’ai trouvé que c’était une place intéressante pour la peinture [...] La mort peut être rafraîchissante, je me suis donc engagé dans la nécrophilie...
--Steven Parrino

Nous ne sommes pas des peintres. --BMPT

Gagosian Gallery est heureuse de présenter une exposition regroupant pour la première fois des œuvres clés de l’artiste américain Steven Parrino et de ses homologues européens, sur deux générations : John Armleder, Martin Barré, Daniel Buren, Simon Hantaï, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni.

Steven Parrino a su apporter une véritable sensibilité punk à l’histoire de l’abstraction. Dès le début des années 70, il commença à attaquer littéralement ses peintures, en perçant et tordant leurs surfaces ou en les tirant de leurs châssis afin de perturber la forme rectangulaire chère à la peinture conventionnelle. Ces « misshaped canvases » peints d’émail visqueux ou de laque, comme Spin-Out Vortex (Black Hole) (2000) et Skeletal Implosion (Thick Stripes) (2001) furent, en partie, des réponses vigoureuses et performatives à l’esthétisme raffiné de la tradition abstraite. 13 Shattered Panels (for Joey Ramone) (2001), installation de la taille d’un mur constituée de placos peints en noir brillant, est une composition abstraite, spontanée et sensible, née d’une action destructrice et rendant hommage au mouvement punk. Son groupe de musique, The Ramones, a, d’ailleurs, profondément changé la scène musicale américaine de la fin des années 70, par ses accords de guitare simplifiés et un style visuel minimaliste fait de cuir noir et de jeans déchirés. 

Grâce à une conscience développée de l’histoire, de la sémiotique, des possibilités spatiales de la peinture, associées à sa fidélité à la culture populaire radicale, Parrino n’a cessé de répéter des ruptures symboliques osées et sans précédent. Ce bond audacieux imprégna son travail d’un sens très développé de l’objectivité et de la physicalité latente de l’objet, mais aussi de signes puissants du temps, de l’existence et de contenu sublimé.

Des liens visuels évidents apparaissent entre l’Œuvre de Parrino et celles de deux générations d’artistes européens, en commençant par le BMPT. BMPT fut fondé par Buren, Mosset, Parmentier et Toroni dans le but de remettre en question les méthodes établies de la création artistique et de théoriser une nouvelle fonction politique et sociale de l’art et des artistes. En 1966-67, les membres du groupe présentèrent cinq performances, ou « manifestations », questionnant les prérogatives des auteurs et le rôle institutionnalisant des salons de Paris. Plus largement, BMPT a su critiquer le caractère spectaculaire et conscient de la nouvelle avant-garde en France. Les membres remirent en question les idées établies du statut d’auteur et d’originalité en déclarant qu’il leur arrivait souvent de peindre à la place d’un autre, tout en insistant sur l’objectivité, plutôt que sur l’originalité de leurs tableaux. Cherchant à créer un art simple et évident, ils supprimèrent la subjectivité et l’expressivité en faveur de systèmes pratiques, comme l’utilisation de motifs neutres et répétitifs et le rejet manifeste de toute tradition esthétique ; ainsi le montrent la peinture de Buren aux rayures noires et blanches tissées et au châssis légèrement ondoyant Peinture aux formes variables (1966), mais aussi la composition vive de Parmentier 30 Janvier 1968 aux rayures horizontales rouge de largeurs variables, ou encore les empreintes de pinceaux carrées des huiles sur toiles de Niele Toroni. Cette position atteignit son apogée avec le « degré zéro de la peinture » de Mosset, ami proche de Parrino. Leurs affinités artistiques engendrèrent des collaborations occasionnelles. Untitled (1970), une des deux cents huiles sur toile représentant toutes un petit cercle noir au centre d’une toile d’ 1 m2 produites entre 1966 et 1974, démontre la quête de Mosset pour la pureté de la forme qui aboutit à une totale ambivalence.

Bien que sensibles aux objectifs du BMPT, Armleder, Barré et Hantaï ont opté pour des attitudes plus libres et moins orthodoxes. L’Œuvre d’Armleder inclut toute forme d’art, allant du dessin abstrait au « mobilier sculptural », en passant par la performance et la photographie. Son œuvre est représentée ici par CRE (Furniture Sculpture) (1986-2006), une ligne de 4 chaises identiques de Eames juxtaposées à côté d’une peinture sobre et rayée. À partir des années 1970, Barré a, quant à lui, exploré les possibilités de l’abstraction systématique, changeant de cap à chaque fois qu’un système choisi devenait trop stable ou prévisible. Dans ses peintures à la bombe, il remplaça le travail au pinceau traditionnel par des aplats linéaires et de contrastes chromatiques, créant l’illusion que les compositions finales étaient découpées à partir d’autres plus grandes. Dans 65-A (1965), une ligne noire, jaillissant du coin d’une toile taupe, semble transcender les limites de sa toile et de son cadre. Les peintures à la bombe ont ainsi annoncé les œuvres de Barré qui suivirent, dans lesquelles les relations visuelles fonctionnant à l’intérieur et entre les séries de peintures devinrent primordiales. Hantaï est, lui, mieux connu pour sa technique du pliage, développée dès la fin des années 50, qui donne un caractère formidablement lyrique à ses compositions. Etude Reverdy (1969), est une immense toile bleue hyacinthe froissée, au dessin dynamique et irisé provoqué par l’action du pliage et du dépliage de la toile peinte. Parrino a lui aussi employé une technique similaire mais avec des résultats très différents. 

Steven Parrino est né à New York en 1958, où il est mort en 2005.
Parmi ses expositions, on compte “The Painted World“, P.S.1 Contemporary Art Center, Long Island City (2005) ; 2006 Whitney Biennal ; “Steven Parrino” Musée d’Art Moderne et Contemporain, Genève (2006) ; “Steven Parrino” Palais de Tokyo, Paris (2007).

John Armleder est né à Genève en 1948. Il vit et travaille à Genève et à New York.
Parmi ses expositions récentes, on compte
“About Nothing: Works on Paper 1964 – 2004” Kunsthalle Zürich (2004) ; “Too Much is Not Enough” Rose Art Museum, Brandeis University, Boston (2007) ; Mamco, Genève (2007) ; “Pictures about Pictures: Discourses in Painting” Mumok, Vienne (2010) ; “The Indiscipline of Painting” Tate St. Ives (2011) ; “Selected Furniture Sculptures 1979–2012” Swiss Institute, New York (2012).

Daniel Buren est né à Paris en 1938 où il vit et travaille.
Parmi ses expositions, on compte “The Eye of the Storm: Works in situ by Daniel Buren” Solomon R. Guggenheim Museum, New York (2005) ; “Daniel Buren
La Coupure, travail in situ” Musée National Picasso, Paris (2008) ; Stedelijk van Abbemuseum, Eindhoven, Pays Bas (2010) ; MUMOK, Vienne (2010) ; “Daniel Buren: Borrowing and Multiplying the Landscape, Work in situ” Turner Contemporary, Margate, Kent (2011) ; “Echos, Works in situ” Centre Pompidou-Metz (2011) ; “Monumenta 2012” au Grand Palais, Paris.

Simon Hantaï est né à Bia, en Hongrie en 1922 et mort à Paris en 2008.
Parmi ses expositions, on compte : “Simon Hantaï 1960 – 76” CAPC Musée d'Art Contemporain de Bordeaux (1981) ; Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte, Münster (1999) ; “Simon Hantaï – Michel Parmentier” Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris (2001) ; “As Painting: Division and Displacement” Wexner Center for the Arts, Columbus, Ohio (2001) ; “Les Sujets de l’Abstraction - Peinture Non-Figurative de la Seconde Ecole de Paris” Musée Rath, Genève (2011). Une rétrospective de son œuvre est prévue au Centre Georges Pompidou durant l’été 2013.

Olivier Mosset est né en 1944 à Berne, en Suisse. Il vit et travaille à Tucson, en Arizona.
Parmi ses expositions, on compte “Portrait de l’Artiste en Motocycliste” Le Magasin, Centre National d’Art Contemporain, Grenoble (2009) ; “The Artist as Collector” Museum of Contemporary Art, Tucson (2010) ; “Seconde Main” Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2010) ; “Born in Bern” Kunsthalle Bern, Suisse (2011) ; “The Indiscipline of Painting” Tate St. Ives (2012).

Michel Parmentier est né à Paris en 1938 Il est mort à Paris en 2000.
Parmi ses expositions on compte : “Simon Hantaï - Michel Parmentier” Musée National d’Art Moderne, Georges Pompidou, Paris (2001) ; “Reinventing Color: 1950 to Today” Museum of Modern Art, New York (2008) ; “Color Chart” Tate Liverpool (2009). 

Niele Toroni est né en 1937 à Muralto en Suisse. Il vit et travaille à Paris.
Parmi ses expositions on compte la Biennale de Venise de 1976 ; la Biennale de Sao Paulo de 1991 ; Documenta 7 (1982) et 9 (1992) ; Stedelijk Museum, Amsterdam (1994) ; “Niele Toroni: Histoires de Peinture” Musée d’art Moderne de la Ville de Paris (2001) ; “Color Chart: Reinventing Color, 1950 to Today” Museum of Modern Art, New York ; “Less is More: Pictures, Objects, Concepts from the Collection and Archive of Herman & Nicole Daled, 1966–1978” Haus der Kunst, Munich, Allemagne (2010). 

STEVEN PARRINO Skeletal Implosion, 2001
STEVEN PARRINO Disruption, 1981
STEVEN PARRINO Dancing on graves, 1999
STEVEN PARRINO 13 Shattered Panels (for Joey Ramone), 2001
STEVEN PARRINO the Self Mutilation Bootleg 2 (The Open Grave), 2003
DOCUMENTATIONS
Informations pratiques

GAGOSIAN GALLERY
4, rue de Ponthieu
75008 Paris France 

T. 01 75 00 05 92

F. 01 70 24 87 10

Horaires d’ouverture : Mar-Sam 11h00-19h00

CONTACT

Mathilde Beaujard / mathilde@claudinecolin.com

Eloïse Daniels / eloise@claudinecolin.com